Les voilà donc en route pour Haïti. Sur le pont
Les voilà donc en route pour Haïti. Sur le pont du cargo, en pleine mer, Bülent fait une proposition à Madeleine : « puisque nous serons bientôt mari et femme, si nous mettions notre argent en commun ? »
Sans attendre sa réponse, il sort de sa poche un billet de cent dollars et le lui tend. De son propre aveu, Madeleine se dit qu’elle a raison de l’épouser. Un type aussi culotté est armé pour réussir dans la vie !
Ils se marient un mois plus tard à Port-au-Prince.
Dans le château familial, en Bretagne, la mère de Madeleine ne décolère pas. Que leur fille se marie sur une île lointaine avec des nègres comme témoins, passe encore, mais épouser sans leur permission un musulman…
Le voyage de noces est fatal à l’héritage de Madeleine, mais compter sur leurs familles serait irréaliste. La réponse des parents de la jeune mariée à sa lettre lui avait fait l’effet d’une douche glacée.
Ils rentrent à New -York. Pas question pour Bülent de remettre les pieds dans son pays natal, même si sa famille était un jour autorisée à y revenir. Il parle à la perfection le français, l’allemand, l’anglais, et le turc, avec réticence. Il obtient sans peine un poste à la Société des Nations, l’ancêtre des Nations unies. Ils partent donc pour Genève, où il commence sa carrière de fonctionnaire international.
Quand ils quittent New York, ma future belle-mère est enceinte de sa première fille, Manuela. Jean-Yves voit le jour deux ans plus tard rue de la Gaîté, à Paris. On est en mars 1939.