Cela s’ajoutant à la mésentente croissante au

Cela s’ajoutant à la mésentente croissante au sein du couple, un beau jour, sans prévenir personne, Mamie chapeau quitte Istanbul sur un cuirassé britannique en enlevant ses deux fils de 5 et 7 ans à destination de Berlin, où vit sa famille. Elle ne part pas les mains vides, le coffret qui ne la quitte pas et qui contient les bijoux qui lui appartiennent en propre ainsi que les cadeaux faits par son mari faisant d’elle une femme très riche.

À Berlin, l’accueil du père de Maria est assez froid. Il n’a jamais pardonné à sa fille de rompre ses fiançailles avec un comte pour suivre au bout du monde un rastaquouère, fût -il apparenté à une famille impériale.

Veuf depuis quelques années, ce général, maintes fois médaillé pour ses brillants faits d’armes au service de la Prusse, intimide immédiatement Bülent, et c’est avec horreur que l’enfant de 5 ans qu’il est alors assiste au départ de sa mère et de son frère aîné pour les États- Unis. Maria n’a pas l’intention de s’éterniser dans cette sinistre demeure, où elle n’est pas bienvenue, et son père a accepté de s’occuper de l’éducation de Bülent, et de faire un homme de cet enfant trop sensible. Celui-ci a beau se faufiler à l’arrière de la voiture où sa mère est installée et s’accrocher à elle en pleurant, rien n’y fait. Excédé, le général sort de force son petit-fils de la limousine, et prend sous son bras le paquet hurlant de désespoir et d’horreur d’être ainsi abandonné et qui gesticule comme un forcené. Dès que la voiture est hors de vue, histoire d’apprendre à son petit-fils à maîtriser ses émotions, il se saisit de sa cravache et lui administre sa première correction.

On le comprend, Bülent, n’a pas une enfance heureuse. Seul l’espoir de rejoindre un jour sa mère dans sa grande maison de Philadelphie le fait tenir, bien qu’elle ne lui écrive que deux fois par an, des lettres laconiques, dénuées de tendresse, où elle ne fait aucune allusion à une éventuelle visite.