Le bateau ne repartait pour Hong-Kong que vers

Le bateau ne repartait pour Hong-Kong que vers trois heures du matin, et pour tuer le temps pendant l’escale, nous allions dîner en ville et jouer…au casino. Jean-Yves, qui avait, dans ses années adolescentes, travaillé comme « baron » à Las Vegas, (il s’agit de s’installer à une table vide pour faire venir les joueurs), avait appris une martingale basée sur les chances simples. C’était un peu fastidieux mais elle fonctionnait, et nous gagnions tous les soirs, de petites sommes certes, mais suffisantes pour agacer les croupiers.

Le dernier jour, à la fin des trois mois, lassés de cette routine, nous nous sommes assis à une table de black-jack et avons perdu tous nos gains en une heure. Même plus de quoi prendre un pousse-pousse à vélo pour rejoindre le port, à trois kilomètres de là ! Nous voilà donc traversant Macao à pied, par une belle nuit d’été. Alors que nous longeons l’immense bidonville qui s’étend face à la mer de Chine, sous le ciel étoilé, un étrange brouhaha nous accompagne, comme si des milliers de cigales stridulaient en même temps pour nous donner une assourdissante sérénade. Il s’agit en fait d’une multitude de joueurs de mah-jong s’adonnant à leur jeu préféré fenêtres grandes ouvertes, et ce bruit est produit par les tuiles, pièces qu’ils s’échangent en les frappant bruyamment sur la table. Je crois que plus jamais je n’ai fait de promenade aussi romantique…