J’ai tenu ma promesse et n’en ai jamais parlé à

J’ai tenu ma promesse et n’en ai jamais parlé à quiconque. Rufus a dû la tenir aussi, puisque ce mariage n’a été connu qu’après la mort de Patrick. Je ne suis pas allée à son enterrement. J’étais en Turquie. Le BHV n’était plus alors qu’un lointain souvenir…

J’avais revu Patrick à plusieurs reprises puisque le hasard a voulu que nous soyons voisins les dernières années de sa vie. La dernière fois que je l’ai vu, c’était devant l’église Saint-Pierre de Montrouge, au carrefour Alésia, l’église où ses frères le porteraient dans son cercueil en juillet 82. C’était le début de l’été. Il portait sa petite Lola sur les épaules. Elsa, sa compagne, marchait près de lui. On s’est fait un petit signe de loin, puis ils ont tourné devant le Zeyer, la grande brasserie qui fait le coin de la rue d’Alésia, et ont disparu de mon champ de vision.

Quelques semaines plus tard, le 16 juillet 82, Patrick s’est planté devant sa glace. Il a sorti de son armoire le fusil que Coluche lui avait confié, ce fusil, cadeau empoisonné d’un admirateur ou d’un ami, que Coluche répugnait à garder sous son toit.

Et il s’est tiré une balle dans la bouche….

Fondu au noir…

En 2000, j’ai eu l’occasion de remonter sur les planches à Paris, au Café de la Gare justement, dans une pièce de Brecht mise en scène par la fille de Sotha, la jolie Manon. Comme pour boucler la boucle, l’un de mes partenaires n’était autre qu’un des frères de Patrick. Nous n’avons jamais parlé de lui mais qui sait s’il n’est pas venu voir la pièce un soir avec Coluche et quelques potes qui s’ennuyaient au paradis, un soir où ils se tapaient un coup de nostalgie…