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le blog d'une petite môme de Pigalle
11 juin 2012

Dix dollars de l’heure pour prendre un thé ou un

 

Dix dollars de l’heure pour prendre un thé ou un whisky avec des célébrités mondiales, dont quelques beautés : un job plutôt agréable, qui va lui permettre de faire une rencontre primordiale pour son proche futur.

Un jour qu’il est en avance chez l’épouse d’André Prévin, chef d’orchestre réputé, il engage sa vieille De Soto en direction des collines de Bel-Air après avoir quitté Mulholland Drive. Il a largement le temps de prendre un café.

Le bar de l’hôtel Bel-Air est désert. Un client, le seul, est assis au comptoir. Jean-Yves s’installe à deux tabourets de lui et l’observe à la dérobée, surpris qu’un établissement de cette classe laisse entrer des clients aux allures de SDF. L’homme peut avoir cinquante ans, pas rasé depuis des lustres. Sa chemise, qu’il porte col ouvert, est d’un blanc approximatif. Le lacet d’une de ses tennis, déchiré, n’est attaché qu’à mi-chaussure, et il ne porte pas de chaussettes. Il commande un whisky, tandis que Jean-Yves demande au barman un café. La conversation qui suit m’a été rapportée par Jean-Yves presque mot pour mot et a lieu, bien sûr, en anglais.

-      Comment allez-vous aujourd’hui, jeune homme ?

-      Bien, merci.

-      Que faites-vous dans la vie ? ajoute-t-il après un bref silence .

-      Différentes choses.

L’homme le fixe, attendant la suite.

-      Je gare des voitures. Je donne des leçons de français, continue Jean-Yves à contrecoeur, en se demandant à quoi rime cette conversation.

-      Vous êtes ambitieux, jeune homme ?

-      Je crois. Dès que je le pourrai, j’ai la ferme intention de monter ma propre affaire.

-      Dans quel domaine ?

-      Je ne suis pas tout à fait sûr. La presse, probablement.

L’inconnu hèle le barman, soulève son verre.

-      Un autre. Vous en voulez un ?

-      Oui, merci.

Une demie- heure plus tard, il demande l’addition. Ils ont parlé sans arrêt.

-      Vous me plaisez, jeune homme. Je vais vous aider.

Derrière la note du bar, il griffonne un nom et un numéro de téléphone.

-      Appelez ce monsieur demain, il sera au courant.

Il règle et descend de son tabouret.

-      Bye.

-      Au revoir, et merci pour le verre.

 

À travers la baie vitrée, Jean-Yves voit l’homme monter dans une

Chevrolet hors d’âge, véritable épave aux ailes cabossées, à côté de laquelle sa  De Soto a l’air de sortir tout droit de l’usine. Alors qu’il démarre et sort du parking, Jean-Yves roule en boule le papier que l’inconnu lui a donné et le jette dans le cendrier.

- Combien pour le café ?

- C’est réglé. Vous savez, à votre place, je reprendrais le papier dans le cendrier… Vous savez avec qui vous parlez depuis une demie -heure ? ajoute le barman avec un air mystérieux.

- …

     - Howard Hughes. L’un des hommes les plus riches du monde.

Malgré son jeune âge, Jean-Yves n’est pas sans connaître le célèbre

aviateur, homme d’affaires et producteur. Mais cet homme ne correspond pas à l’image qu’il avait pu s’en faire. À tout hasard, il reprend la boulette de papier dans le cendrier.

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  • Passée avec bonheur de la scène à l'écriture, je raconte ici mon parcours. Comédienne , ex-danseuse au Crazy, romancière , célèbre en Turquie, embarquez avec moi pour un voyage plein d'imprévus. AVIS aux EDITEURS, les droits pour la France sont libres..
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