UNE AFFAIRE D'ÉTAT
En son temps, l’affaire Markovic a fait couler beaucoup d’encre avant de devenir l’une des grandes « affaires » de la Ve République. J’ai bien connu deux de ses principaux protagonistes, Alain Delon et François Marcantoni, truand corse notoire, ce qui m’a valu une convocation au commissariat du 8ème arrondissement, par une belle après-midi de l’automne 68, mon nom figurant dans le carnet d’adresse de notre « Samouraï » national.
Léger flash-back. Un soir de juin, l’une de mes consoeurs du Crazy Horse, Maria Tuxedo, belle brune originaire de Kabylie, me demande si je peux garder son petit chien – un yorkshire je crois – pendant le week-end. Elle doit partir à la campagne avec Alain Delon chez l’un de ses amis qui a plusieurs bergers allemands et elle craint que le minuscule toutou n’en sorte pas indemne.
J’accepte. Il est prévu qu’Alain passe la chercher après le spectacle et qu’ils me déposent chez moi avenue de Wagram avant de prendre la route.
À deux heures du matin, très ponctuelle, une voiture s’arrête à notre hauteur. Delon est au volant. Je monte à l’arrière et Maria lui explique le plan. Tout en conduisant, il me regarde dans le rétroviseur. « Pourquoi vous ne viendriez pas avec nous ? » J’hésite. « C’est gentil, mais je n’ai pas de quoi me changer, et aucune affaire de toilette. » « Pas de problème. On se débrouillera. Venez. »